"Portrait d'une jeune femme de la cour de Louis XIV parée des attributs de la déesse Flore. Ecole française, huile sur toile de la moitié du XVIIème siècle"
Remarquable peinture de l’époque du 17ème siècle, représentant une jeune femme de la cour de Louis XIV parée des attributs de la déesse Flore, œuvre attribuée à Charles et Henri Beaubrun.
Notre tableau incarne une jeune femme de qualité représentée de trois-quarts, portant une robe de soie grise, ornée d’un voilage et de rubans rouges, l'encolure et les manches cousues de fines dentelles. Les nombreux bijoux de perles ainsi que la richesse de la robe, renforcent l'importance de son rang.
Cette aristocrate tient délicatement entre ses mains une guirlande de fleurs qui donne de la profondeur à la scène et renforce son caractère théâtral.
Une parure florale dans ses cheveux ainsi qu'un drapé rouge flottant au vent, empruntent des éléments aux images mythologiques. Cette abondance évoque la vitalité de la nature et renvoie à la figure de la déesse du printemps Flore, compagne du vent d'ouest Zéphyr.
Glorifiant la beauté par le biais d'un travestissement mythologique, Flore constituait un rôle artificiellement dévolu aux jeunes mariées pour sa symbolique de fécondité et de jeunesse épanouie mais ses attributs servaient également d'ornements réels pour agrémenter habits et chevelures. Ainsi dés la moitié du 17e siècle, les représentations féminines parées de fleurs se multiplient, faisant écho aussi bien à la déesse qu'à la mode contemporaine, prouvant que le modèle et le commanditaire étaient au courant des dernières tendances.
La coiffure "à la garcette" de notre modèle indique l'importante condition de sa porteuse et fera souvent partie du style baroque du XVIIème siècle. D'origine espagnole, cette fine frange bouclée fut mise à la mode par la Reine Anne d'Autriche. Elle perdura des années 1630 à 1660.
Les caractéristiques stylistiques de notre peinture sont très proches des portraits réalisés par les frères Beaubrun, représentant maintes femmes de la Cour de France. Ce style minutieux et précieux, inspiré du modèle hollandais est typique des réalisations de Charles et Henri Beaubrun.
Un soin tout particulier a été apporté au visage et aux mains du modèle, au traitement des drapés ainsi qu'aux attributs floraux.
L'atmosphère générale est renforcée par un subtil jeu entre la lumière crue et les ombres profondes qu'elle créée, à son opposé, sur les tissus et les chairs. La reprise de l'éclairage, derrière le cou du modèle, souligne ainsi la courbe naturelle du corps. Le visage est traité avec une grande finesse dans le velouté des chairs, tout entier dévolu à la lumière.
Notre tableau est emprunt d'une remarquable technique et démontre le talent des deux peintres à s'inspirer des portraits dessinés du XVIème siècle.
Il est à noter que leurs œuvres sont principalement réalisées conjointement. D'ailleurs, Louis XIV aimait voir les deux artistes mettre une touche après l'autre et s'amusait à les faire changer de main sans que le style change. Cette habitude du travail en commun est attestée par un tableau peint par leur élève Martin Lambert. Celui-ci, pour sa réception à l'Académie en 1663, les représenta assis tous les deux pour travailler à un même ouvrage, un portrait de femme, Henri donnant un conseil à son cousin qui tient la palette et les pinceaux à la main. Cette association engage à ne pas chercher à distinguer la main de chacun des deux cousins qui faisaient tout pour être confondus.
Jusqu'à la fin des années 1660, les portraits d'Henri Beaubrun et de son cousin Charles Beaubrun connaissent un très grand succès.
Appréciés de la famille royale et notamment de la reine mère Anne d'Autriche, les deux artistes se constituent une riche clientèle aristocratique au milieu de laquelle brillent bon nombre de dames de la cour. Ces portraits, dont le caractère officiel est manifeste, ont, pour certains d'entre eux, été commandés par le roi lui-même pour orner ses résidences. Louis XIV s'inspirait alors d'une vogue née en Italie à la fin du XVe siècle et qui consistait à réunir dans une galerie ou un cabinet, une collection de portraits de femmes remarquables par leur beauté.
Ces tableaux offrent un véritable instantané de la cour de France à l'aube du nouveau règne et illustrent à leur manière cette décennie brillante où, la paix retrouvée à l'intérieur comme à l'extérieur du royaume, prélude à l'essor du Grand Siècle.
Notre peinture date de la moitié du 17ème siècle, vers 1660. Œuvre attribuée à Charles et Henri Beaubrun. Elle est présentée dans un cadre du 18ème siècle, sculpté et doré de graines et de feuilles de laurier.
Henri et Charles Beaubrun sont des peintres français actifs à la cour des rois Louis XIII puis Louis XIV et spécialisés dans les portraits des reines de France. Charles et son cousin, Henri Beaubrun, appartiennent à une famille de portraitistes français du XVIIe siècle. Ils étudient la peinture auprès de leur oncle, Louis Bobrun. Henri est très tôt attaché au roi Louis XIII, grâce à la charge de valet de garde-robe qu'occupait son père. Il devint ainsi porte-arquebuse du Roi. Georges Guillet de Saint-George, à propos d'Henri, écrit : « Sa Majesté […] ayant remarqué qu'il avait une grande disposition au dessin, voulût qu'il s'y attachât et qu'en apprenant à peindre, il apprît aussi ce qui est essentiel à la peinture comme la perspective, l'architecture et les quelques principes de géométrie... Lorsqu'après la mort de son père, il eut été reçu valet de garde-robe, il continua si heureusement ses premières études, malgré la distraction de sa charge, que le roi lui fit l'honneur de le choisir pour lui montrer à peindre le pastel... ». Il est ainsi engagé comme portraitiste, avec son cousin Charles, à la cour de Louis XIII puis Louis XIV, après qu'ils ont réalisé le tableau intitulé Louis XIV et la Dame Longuet de la Giraudière, la première nourrice. Les cousins collaborent alors entre 1630 et 1675, peignent de nombreux portraits officiels et se spécialisent dans les portraits des reines de France. Au milieu du siècle, ils connaissent un grand succès auprès des dames de la cour et plus particulièrement des adeptes de l'ancien style formaliste et courtois de Frans Pourbus le Jeune. Leurs œuvres sont principalement réalisées conjointement. Leur collaboration est telle qu'il est impossible de différencier leur coup de main. Leurs œuvres individuelles leur sont ainsi conjointement attribuées. En 1648, ils participent à la fondation de l'Académie royale de peinture et de sculpture.
0193
Vendu
Circa 1660
Huile sur toîle
H. 102 cm x L. 83,5 cm